Le temps des Sirènes
RECUEIL DE TEMOIGNAGES
Vie ouvrière et monde industriel du Pays de Fougères
Une coproduction des associations
La Sirène - Le Tempestaire - Les Films du Tilleul
Avec le soutien de
La DRAC d'Ille et Vilaine, La Région Bretagne, La Ville de Fougères, Le Lion's Club, Jeanne Fourel, Marie-Paule Fourel
Et la collaboration active de
Nelly et Michel Evrard, Gérard Fourel, Xavier Arpino et Marc Weymuller, Bruno Fleutelot
La ville Bretonne de Fougères porte encore en elle les marques profondes de l'histoire industrielle qui l’a animée durant des années, comme tant d’autres villes de France, avant de s'effacer peu à peu, au cours des dernières décennies. Pourtant, celui qui visite aujourd'hui Fougères et sa région a bien du mal à se représenter ce que fut la grande époque industrielle, celle où chacun vivait, que ce soit en ville ou dans les alentours, au rythme des ateliers et des usines : scieries, carrières de granit, verreries, cristalleries, laiteries, fabriques de chaussures.
Chaque matin, à heure fixe, les rues se remplissaient de toute une foule pressée. C'était une véritable ruche qui se mettait en mouvement au son des sirènes qui appelaient chaque ouvrière et chaque ouvrier à son devoir, à sa tâche laborieuse et à son savoir-faire unique. C'était le même crépitement des machines à coudre qui provenait des fenêtres des maisons des ouvrières qui travaillaient chez elles, c'était la même rumeur qui gonflait dans les usines, le même brouhaha des machines dans les ateliers de montage de chaussures qui enveloppait les esprits et les corps, c'était la même sueur qui perlait au front des ouvriers de la cristallerie, le même rougeoiement des visages sous l'effet de la chaleur du four incandescent, la même urgence blanche à traiter les milliers de litres de lait à la laiterie, la même poussière grise qui recouvrait tout dans les carrières de granit, les machines, les outils et les hommes, c'était le même crissement des lames d'acier qui entamaient le bois dans les scieries. Chaque midi et chaque soir, c'était le même mouvement inverse dans les rues, celui des travailleuses et des travailleurs qui rentraient chez eux pour avaler leur déjeuner à la hâte ou pour rejoindre leur foyer en fin de journée...
Pour prolonger ce recueil de témoignages,
nous avons besoin d'aide...
Au début du 20ème siècle, la ville et ses environs ne comptait pas moins d’une cinquantaine d’usines qui employaient 11000 personnes et contribuaient directement ou indirectement au rayonnement de l'industrie de la chaussure. Aujourd'hui, elles ont toutes disparu. La roue a tourné, l'âge d'or de l'industrie a quitté Fougères, il s'est envolé vers d'autre contrées, là où la main d'oeuvre est moins coûteuse et le profit plus certain.
De ce passé qui n'est pourtant pas si lointain, il ne reste aujourd'hui que bien peu de traces matérielles : quelques friches industrielles menacées de disparition, quelques rares façades d'usines qui ont été sauvées et préservées, malgré les enjeux de l’urbanisation et la pression immobilière, quelques récits écrits, quelques articles de journaux, quelques cartes postales du début du siècles, quelques images fixes ou animées. En somme, peu de choses visibles, au premier abord, dans le présent ordinaire de Fougères.
Il reste cependant une mémoire peut-être plus secrète mais pourtant encore tout à fait vivante. C'est celles de tous les acteurs qui ont participé à cette grande aventure industrielle : ouvrières et ouvriers, contremaîtresses et contremaîtres, cadres et petits patrons, commerçantes et commerçants, habitants et habitantes de Fougères et de sa région, bref, toutes celles et tous ceux qui ont fait battre le cœur de la ville pendant tant d'années.